La Méditerranée au début du Ier millénaire avant notre ère
La plus ancienne mention du mot « arabe » apparait dans une source assyrienne en 853 avant notre ère Il désignait alors les populations de l’Arabie du Nord-Ouest et des marches de la Syrie et de la Mésopotamie. Contrôlant la Haute-Mésopotamie, l’Empire assyrien constituait alors le principal pouvoir en place. Grâce à sa puissance militaire il parvint à soumettre les riches cités phéniciennes de Tyr, Sidon et Byblos où circulaient des produits de luxe. Les Phéniciens, grands commerçants, échangeaient depuis leurs nombreux comptoirs avec l’ensemble du monde méditerranéen, ce qui leur permit de diffuser leur plus grande invention, l’alphabet.
L'Empire romain (IIe siècle)
Aux premiers siècles de notre ère, les tribus de la péninsule arabique commerçaient avec deux grandes puissances rivales : l’Empire parthe et l’Empire romain. L’Empire parthe avait été fondé au IIIe siècle avant notre ère autour du nord-est de l’actuel Iran. Au IIe siècle, il dominait la région allant de l’Irak à l’Afghanistan. De nombreuses guerres contre les Romains affaiblirent la puissance parthe et participèrent à son déclin. Au IIe siècle, l’Empire romain, fondé en 27 av. n. è., s’étendait sur toutes les rives d’une Méditerranée alors désignée comme « Mare Nostrum » (« Notre Mer » en latin), se déployant de Gibraltar au Levant. Au sein de cet ensemble se trouvait la province d’Arabie, créée en 106 à l’occasion de l’annexion du royaume nabatéen et de sa capitale, Petra.
À la veille de l'islam (v. 600)
Les habitants de l’Arabie préislamique n’étaient pas tous nomades et polythéistes. Les religions monothéistes (zoroastrisme, christianisme ou judaïsme) avaient déjà pénétré parmi ces populations, pour certaines sédentaires et citadines. Au nord de la péninsule, deux grands empires persistaient. A l’est, l’Empire sassanide, héritier des Parthes, fut fondé en 224. A l’ouest, l’Empire byzantin, de tradition chrétienne, s’étendait sur les territoires orientaux de l’ancien Empire romain. Justinien (r. 527-565), l’un des plus illustres empereurs byzantins, eut pour ambition de rétablir son pouvoir dans les frontières de l’Empire romain à son apogée. Il conquit une partie de l’Afrique du Nord et l’Italie.
L’Empire omeyyade (première moitié du VIIIe siècle)
En 632, la mort du prophète de l’islam, Muhammad, marqua le début de l’expansion arabo-musulmane. Dès 661, le califat omeyyade, premier empire islamique, fut fondé par Muawiya qui en installa la capitale à Damas. Pendant près de cent ans, les Omeyyades œuvrèrent à l’expansion de leur territoire qui, à l’apogée de leur règne, au début du VIIIe siècle s’étendait de l’océan Atlantique aux frontières de l’Inde, comprenant al-Andalus, le Maghreb, l’Afrique du Nord, la péninsule arabique, la Mésopotamie et la vallée de l’Indus. Malgré le recul de l’Empire byzantin, ils ne parvinrent jamais à faire tomber Constantinople dont la conquête leur aurait permis de régner sur un empire universel.
L’Empire abbasside (v. 800)
En 751, les Abbasside détrônèrent les Omeyyades de Damas qui furent massacrés à l’occasion d’un banquet de réconciliation. Le seul survivant prit la fuite vers la péninsule ibérique et fonda un émirat à Cordoue. Les Abbassides prirent le contrôle de l’ensemble de l’ancien territoire omeyyade en dehors du Maghreb et d’al-Andalus, déjà autonomes. Afin de se rapprocher de leurs soutiens orientaux, ils fondèrent Bagdad comme leur capitale et y transférèrent le pouvoir jusqu’alors détenu par Damas, ancienne capitale des Omeyyades et bastion anti-Abbassides. Le nord de la Méditerranée se partageait, quant à lui, entre deux autres puissances impériales : l’Empire byzantin héritier de la chrétienté grecque et l’Empire carolingien dépositaire de la chrétienté latine.
Les trois califats (c. 1000)
Dès le IXe siècle, certains territoires jusqu’alors sous domination abbasside s’émancipèrent en acceptant ou non l’autorité théorique du calife régnant depuis Bagdad. Dans un même temps, de nouvelles dynasties établirent leurs propres califats, rivaux de celui de Bagdad. Ainsi, en 909, au Maghreb, le chef d’un groupe chiite soutenu par les populations berbères locales institua le califat fatimide. Pendant plus de deux siècles, ce dernier régna sur le Maghreb puis sur la Syrie et sur l’Egypte où il fonda sa nouvelle capitale, Le Caire (al-Qahira) en 973. En al-Andalus, en 929, la création du nouveau califat des Omeyyades de Cordoue revint à Abd al-Rahman III. Ce califat domina le sud de l’Espagne jusqu’en 1031.
Au temps des croisades (v. 1100)
Depuis 1055, les Seldjukides régnaient sur un ensemble de territoires autonomes dominés chacun par une branche de la dynastie. Anciens mercenaires reconnus comme de grands chefs guerriers, leur avancée sur l’Empire byzantin fut l’un des déclencheurs de la Première croisade prêchée par le pape Urbain II à Clermont en 1095. Cette croisade conduisit au siège de Jérusalem en 1099 et à la création d’Etats latins d’Orient qui vinrent renforcer la présence occidentale en Méditerranée. Depuis les années 1020, des Normands s’étaient installés en Italie du Sud et conquirent progressivement la Sicile et la côte tunisienne. A l’ouest, l’empire berbère des Almoravides (1056-1147) s’étendait du fleuve Niger à la péninsule ibérique et résistait à la conquête menée par les royaumes chrétiens d’Espagne et du Portugal.
À l'époque des Mongols (c. 1400)
Dès les années 1220, les Mongols, réunis sous Gengis Khan déferlèrent sur l’Iran depuis l’Asie centrale. Bagdad fut détruite et pillée en 1258, ce qui mit fin au califat abbasside et provoqua un choc dans le monde islamique. A la fin du XIVe siècle, Tamerlan, chef guerrier turco-mongol, donna naissance à la dynastie timouride et entreprit des campagnes militaires destructrices, de la Syrie à la vallée de l’Indus. Ses armées connurent néanmoins des résistances, en particulier de la part de la dynastie des Mamlouks. En al-Andalus, le Royaume de Grenade dirigé par les Nasrides assura, dès le milieu du XIIIe siècle, la seule présence islamique de la région, progressivement reprise par les royaumes chrétiens. En 1492, sa chute marqua la fin de la présence musulmane en Espagne.
L'Empire ottoman (v. 1700)
L’Empire ottoman connut un tournant décisif lorsqu’il parvint à prendre Constantinople en 1453, faisant tomber les dernières possessions byzantines. Pendant le règne de Soliman le Magnifique (r. 1520-1566), le pouvoir ottoman s’exerçait sur la Méditerranée, la mer Noire, l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et l’Europe balkanique. Le monde arabe représentait deux cinquièmes de ce vaste territoire. Inégalé et tout puissant, l’Empire ottoman n’était néanmoins pas le seul pouvoir en place. Depuis 1501, dans l’actuel Iran, régnaient les Safavides chiites, grands rivaux des Ottomans. A l’Ouest, le Maroc ne fut jamais placé sous domination ottomane et, en 1660, Mulay al-Rachid (r. 1660-1672) y fonda la dynastie alaouite, toujours à la tête du royaume aujourd’hui.
Le monde arabe sous domination européenne (v. 1930)
Le monde arabe n’échappa pas à l’entreprise de colonisation menée par les Européens à partir du début du XIXe siècle. Colonie de peuplement française dès 1830, l’Algérie devint un ensemble de départements français gérés par un préfet dès 1848, tandis que la Tunisie et le Maroc furent colonisés sur le mode du protectorat. Par ailleurs, la domination de l’Egypte, du Soudan et du sud de l’Arabie assurait à l’Angleterre la maitrise du canal de Suez et de la route vers les Indes. A la chute de l’Empire ottoman, alors qu’elles constituaient déjà les puissances coloniales les plus importantes de la région, la France et l’Angleterre se partagèrent le Moyen-Orient.
Le monde arabe aujourd'hui
Fondée en 1945 au Caire par sept pays (Egypte, Arabie saoudite, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen), la Ligue des Etats arabes est une organisation régionale à statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations unies. Elle compte aujourd’hui vingt-deux Etats membres. L’idée de former une ligue entre les pays arabes prend sa source dans le panarabisme, une idéologie apparue en réaction au colonialisme. Largement portée par la figure de Nasser, président de l’Egypte de 1956 à 1970, elle affirme la nécessité d’unir le monde arabe, notamment pour lutter contre les dominations extérieures. S’ils partagent une histoire commune, l’adoption de l’arabe comme langue officielle constitue le lien principal entre ces 22 pays qui, par ailleurs, peuvent entretenir des rivalités.